Jean ALIO

16/11/2021

Jean ALIO né le 19 Décembre 1915  à Espira-de-l'Agly (Pyrénées-Orientales), mort fusillé par les Allemands le 21 août 1944 à Rimont (Ariège), instituteur des Pyrénées Orientales. Jean ALIO était le fils de Pierre ALIO, cultivateur âgé de trente-neuf ans, et de sa femme Marie POQUET (Fourquet sur l’état civil de Rimont), trente-six ans. Son père, et peut-être sa mère, Catalans, étaient sans doute (du moins pour le père) de nationalité espagnole. À la signature de l’acte de naissance, son père utilisait la version française de son prénom, « Pierre ». Jean ALIO fut naturalisé français le 23 janvier 1923 par décret du ministre de la Justice.


Jean ALIO fut instituteur de son département natal. Avant la Seconde Guerre mondiale, on ne lui connaissait aucun engagement politique. Le couple habitait 6 rue Charles Gounaud à Perpignan. Mobilisé en 1939, il contracta la tuberculose à son retour de la guerre en 1940. Il dut se faire soigner dans un sanatorium en Cerdagne, à Osséja (Pyrénées-Orientales). Il se maria à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 24 décembre 1940 avec Marie Jeanne Conte. Sa femme et sa fille furent déplacées en 1944 à Rimont (Ariège), une commune du Couserans, près de Saint-Girons. En août 1944, ALIO s’en alla à Rimont passer quelques jours auprès de sa famille.

Le 21 août 1944, des maquisards ariégeois attaquèrent une colonne de 2000 soldats allemands (et «Mongols», en fait des auxiliaires turcophones originaires de l’Asie centrale soviétique de la légion du Turkestan cantonnés à Saint-Gaudens, Haute-Garonne). Celle-ci soulagea la garnison allemande de Saint-Girons qui quitta la ville et se joignit à elle. Les maquisards tuèrent dix-sept soldats de cette colonne. En représailles les Allemands incendièrent Rimont détruisant ainsi 152 maisons sur 169, pillèrent, violèrent (la femme de Jean ALIO fut violée en présence de sa fille par plusieurs Allemands et Tukestanais) et tuèrent dix habitants ou résidents momentanés de la commune, parmi eux Jean Alio. 321 personnes demeurèrent sans abri après cette attaque.

Après son arrestation, Jean ALIO fut attaché et battu, puis conduit à pied au PC du commandant Schöpplein qui ordonna de le fusiller. Après le refus de plusieurs soldats, le capitaine Ranziger, chef du commando “Dreyer”, demanda à l’un de ses hommes de l’abattre. L’exécution eut lieu à la Fontaine de Marie. Les ouvrages publiés dans les Pyrénées-Orientales (Gual, Larrieu, op. cit. ; Sentis, op. cit.) donnent une version sans doute erronée de la mort de Jean Alio, qui, blessé, aurait combattu les armes à la main avant d’être « torturé et fusillé sur place » (Gual, Larrieu). On ne retrouve pas ce récit dans les sites ariégeois consultés. De fait, ALIO, voulant protéger sa femme, réussit à se saisir du fusil d’un auxiliaire “mongol” sur lequel il tira, une balle lui transperçant le cou. Il fut immédiatement capturé et conduit auprès de Schöpplein qui, comme nous l’avons raconté, ordonna son exécution.

Dix autres habitants de Rimont furent abattus dans la rue, devant leurs maisons ou alors qu’ils s’enfuyaient : Antoine, Jean Soum, 69 ans ; Jean Tolomei, 62 ans réfugié de Collioure (Pyrénées-Orientales) évacué de la zone interdite de la Côte Vermeille (Pyrénées-Orientales) en juin 1944 ; Jean Rousse, 53 ans ; Louis Soula, 44 ans ; Stanislas Soula, 78 ans ; Étienne Forgues, 65 ans ; Marie Costes, 77 ans ; Adrien Sentenac, 71 ans ; Jean-François Rousse, 72 ans ; Joseph Servat, 56 ans.

Une école primaire de Perpignan, place Cassagnes, porta longtemps son nom. Mais depuis les années 2000, elle est devenue l’école catalane publique “Arrels”. Le restaurant scolaire de l’école Romain-Rolland située dans le même immeuble a été nommé restaurant "Alio- Torcatis ", associant le nom de deux instituteurs des Pyrénées-Orientales. L’école de son village natal, Espira-de-l’Agly, est toujours nommée "école Jean-Alio". Le nom de Jean Alio figure également sur la liste des instituteurs des Pyrénées-Orientales tués dans les deux guerres mondiales gravée sur la plaque de l’inspection académique des Pyrénées-Orientales à Perpignan et sur les monuments aux morts d’Espira-de-l’Agly et de Rimont. Une stèle commémorative de l’assassinat de Jean Alio a été érigée à Rimont sur le bord de la RD (ex RN) 117, en direction de Saint-Girons. Son nom figure aussi sur le monument commémoratif de Castelnau-Durban.
SOURCES : Arch. com. Espira-de-l’Agly, état civil, acte de naissance de Jean Alio et mentions marginales. — Arch. dép. Ariège, 4 E 6468, jugement du tribunal civil de Saint-Girons du 4 octobre 1944, tenant lieu d’acte de décès et transcrit le 21 octobre 1944 sur le registre de l’état civil de Rimont. — Claude Delpla, La bataille de Rimont et de Castelnau-Durban ... L’Ariège était libérée, Saint-Girons, Imprimerie Barat, 1994, 39 p. [p. 15, pp. 32-33]. — Ramon Gual et Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, p. 919, 965. — Georges Sentis, Dictionnaire biographique des résistants et des civils des Pyrénées-Orientales tués par les Allemands et les collaborateurs, Perpignan, Éditions Marxisme / Régions, 2012, 28 p. [p. 28]. — Sites consultés le 23 mars 2014 : http://ariego.free.fr/bataille.htm ; “Rimont village martyr” in http://www2.ac-toulouse.fr/eco-cycle3-saverdun/dossiers/resistance/rimont.htm ; wikipedia , entrée « Rimont ».
 
 

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